C’est quoi ce délire, au fait ? Depuis quand faut-il acheter les gens ? Car ce programme, c’est bien ça : on achète les éleveurs pour qu’ils ne gueulent pas trop quand des moutons se font tuer. Car, non, en plus de l’aide gratuite et des indemnisations pour chaque mouton tué à cause du loup, n’espérez pas que les éleveurs tolèrent le loup : non, en règle générale, ils continuent d’être contre. Pas tous, heureusement, mais globalement, une bonne majorité, avec une minorité qui, souvent, n’osent pas donner leur avis de peur de se faire harceler par leurs confrères. Car, évidemment, ces éleveurs ne tolèrent pas la présence du loup, alors imaginez, un confrère qui n’est pas d’accord avec eux ? Pour eux, c’est comme le loup, c’est à exterminer au plus vite. Et vive la tolérance et la liberté de parole.

Sinon, on a aussi inventé les aides à la protection, c’est à dire qu’on indemnise les éleveurs pour qu’ils puissent s’acheter des clôtures et des chiens patous.
En résumant, donc, on leur fournit protection, avec clôtures, chiens et aides berger, payer gratuitement, et on les indemnise pour chaque mouton tué par le loup, avec, évidemment, de larges abus sur les cas de prédation des loups, puisque, souvent, ce sont des chiens errants les auteurs. Pas toujours, n’exagérons pas, mais quand même. Et tout ça pour une filière qui se meurt, à cause de la concurrence mondiale qui anéantit toute forme de concurrence.
C’est un peu comme si on aidait les banques après qu’elles se soient mises elles même dans la merde... Ah mince, pardon, c’est vrai, c’est ce qu’on a fait aussi.
Non, alors, prenons un exemple un peu plus parlant : c’est un peu comme si on préenregistrait tout les article des clients, qu’une machine validerait ces articles et que la vendeuse se contenterait de donner la facture au client ; et si un problème survient, bien sûr, ce sera la faute de la direction. Pratique, n’est-ce pas ?
Ou alors, que les transports en commun soient entièrement informatisés, de l’achat du ticket au transport, mais qu’on continue de payer les chauffeurs.

Impensable ? Pourtant, c’est bien ce qu’on fait aux éleveurs. Ne les appelons plus berger, tout comme nous n’appelons plus les exploitants agricoles "paysans", tant leur rapport avec le vivant s’est éloigné.
Soit dit en passant, ce changement dans ces métiers est révélateur du chemin qu’a pris l’humanité : au lieu de valoriser ces métiers en changeant les mentalités qui pensent que les paysans, bergers et tout autre métier mêlé avec la nature sont ringards, on a préféré changer ces métiers pour en faire des métiers informatisés, en dépit du vivant...

Pour en revenir à pastoraloup, comprenez moi bien : je ne critique ni cette initiative, ni celles et ceux qui y sont les initiateurs, et encore moins celles et ceux qui la font vivre, au contrair même : chapeau. Non, ce que je dénonce, c’est que, systématiquement, ce sont les écologistes qui font des concessions, des plans, des propositions, des aides... Sans que jamais le camp en face ne fasse une seule concession ! Parce que toutes ces concessions ne feront assurément pas changer les mentalités, pire encore, elles les renforceront, et rendront toujours plus exigeants les éleveurs.
Parce que, en définitive, de par les nombreuses aides qu’ils reçoivent, pour la protection et lors des prédations, les éleveurs n’ont rien à redire ! Si pour chaque produit invendu car défectueux vous receviez une indemnité, indemnité égale voir supérieure au prix de vente de votre produit, est-ce que vous remettriez en cause l’élément qui rend défectueux vos pièces ? Logiquement, non. Mais la logique n’est plus vraiment au goût du jour, apparemment...